Centre d’accueil et de Loisirs de Gigean
Gigean (34)
2024
094

Une architecture bioclimatique et pédagogique, enracinée dans la matière et le territoire

Le nouveau centre de loisirs de Gigean s’inscrit au cœur du quartier de La Clau, à la croisée d’une centralité émergente et de paysages méditerranéens ouverts. Conçu comme un équipement de proximité, mais aussi comme un lieu d’apprentissage sensible, il articule architecture, écologie et pédagogie dans une composition sobre, ouverte, profondément contextuelle.

Plutôt qu’un volume unique, l’architecture se déploie en une série de corps de bâtiments bas, entrecoupés de cours, jardins et patios. Cette fragmentation volontaire permet de multiplier les ambiances, d’adapter les volumes aux usages, d’ouvrir les espaces sur l’extérieur, tout en composant un ensemble lisible et apaisant pour les enfants.

Une forme horizontale, rythmée par des cheminées solaires

L’écriture architecturale est marquée par son horizontalité assumée. Le bâtiment s’étire parallèlement aux courbes du terrain, en suivant une trame régulière et une pente douce, parfaitement intégrée au site. Les toitures végétalisées renforcent cette fusion avec le sol et les essences environnantes.

Au-dessus de cette ligne horizontale surgissent quatre grandes cheminées solaires, à la fois repères urbains et dispositifs techniques. Inspirées des voiles tendues dans le paysage, elles élèvent la silhouette du bâtiment, captent la lumière, et rythment l’espace. Mais au-delà de leur expression plastique, ces cheminées jouent un rôle bioclimatique essentiel : elles favorisent la ventilation naturelle des espaces intérieurs par effet de tirage thermique, sans recours à des systèmes mécaniques complexes. Elles incarnent l’idée que la forme peut naître de la performance, que l’architecture peut être à la fois expressive et utile, sensible et efficace.

Matériaux : construire avec le vivant, bâtir avec le sol

L’ensemble repose sur un système constructif simple, régulier, associant le bois massif pour la structure et la charpente, la pierre calcaire pour les parois nord et les pignons, et le béton de chanvre projeté pour l’isolation. Ce triptyque bois–pierre–chanvre permet de construire un bâtiment sain, respirant, performant sur le plan thermique et hygrothermique, avec une très faible empreinte carbone.

Le bois, local et non traité, est visible dans toutes les pièces. Il structure les plafonds, compose les parois vitrées au sud, et organise la trame des charpentes en « ailes d’avion ». La pierre massive, posée sans doublage, forme des parois épaisses et protectrices au nord et à l’ouest : elle donne au bâtiment une assise, une mémoire géologique et une inertie précieuse. Le béton de chanvre, appliqué sur la face intérieure de ces murs, complète l’enveloppe thermique tout en régulant naturellement l’humidité intérieure.

Ce choix constructif assume une logique de bon sens : éliminer les matériaux composites, les couches techniques superflues, les systèmes complexes, au profit de solutions pérennes, locales, réversibles. L’enduit intérieur à la chaux, les toitures végétalisées et les cheminées solaires parachèvent cette approche de l’architecture comme un écosystème sobre et vivant.

Un outil pédagogique : vivre l’architecture, expérimenter la nature

L’architecture du centre est conçue comme un espace d’apprentissage. Chaque salle s’ouvre sur un jardin, chaque déplacement devient une occasion d’expérimenter des ambiances variées : ombre et lumière, bois et pierre, intérieur et extérieur, silence et mouvement.

Les enfants peuvent observer la course du soleil, comprendre le fonctionnement des cheminées solaires, jardiner, jouer dans des espaces non standardisés, toucher les matériaux bruts. L’architecture devient un support direct à la pédagogie, stimulant les sens, l’autonomie, la curiosité. Elle valorise le temps long, la transformation, le rapport à la matière et aux cycles naturels.

Un lieu pour les enfants, un repère pour le quartier

Ouvert sur le tissu urbain, le centre de loisirs propose plus qu’un simple équipement : il génère une nouvelle centralité douce, connectée aux autres équipements publics du quartier (centre aquatique, terrains de sport, futur restaurant scolaire). Son entrée devient un lieu de rencontre et de partage, sa venelle traversante une rue publique, son parvis un seuil actif pour la vie locale.

Ce bâtiment, pensé pour les enfants mais ouvert à tous, s’inscrit dans une démarche de transition. Il invite à réconcilier la ville avec son climat, les matériaux avec leur territoire, l’architecture avec ses usages. Il constitue une réponse concrète aux enjeux éducatifs, sociaux et écologiques du XXIe siècle.

Maitrise d’Ouvrage
Commune de Gigean (34)

Maitrise d’Oeuvre
AAUN – Ugo Nocera – Architecte
BET Structure : CALDER – Ingénierie
BET Thermique QE : NETALLIA
VRD et Paysage : SEIRI
Economie : Dicobat
Acoustique : Atelier Rouch
Images : Jacopo Esposito